L'actualité publique télescope celle de ma famille. Après sept mois de maladie, la fille de mon amie décéda d'un cancer en juin. A 22 ans, elle est morte dignement et paisiblement, sans vraiment s'en rendre compte. Durant sept mois, nous avons cherché les mots justes mais, parmi ceux-là, jamais nous n'avons estimé nécessaire de lui dire que sa fin serait rapide et inéluctable. Et pour qu'elle parte en paix, ni l'équipe médicale, ni ses proches ne se sont acharnés à la faire vivre dans des souffrances et une déchéance inutiles. Depuis lors, nous cherchons par la parole mais aussi par nos écrits intimes à réfléchir sur ce que nous avons vécu et sur ce que nous avons choisi à sa place. Peut-être un jour rendrons-nous publics nos mots face à cette mort.
L'actualité récente nous fait revivre le rôle des mots face à la mort, dans le drame vécu par Vincent, ses proches, son encadrement médical. Chacun des mots publics sur sa mort a été digne. Certains furent écrits et publiés par Vincent, d'autres prononcés devant les médias par sa mère puis par ses médecins, pour témoigner de leurs actes irréversibles. Ces mots-là expriment des choix face à la mort, ils sont dits publiquement pour témoigner, non pour crier vainement contre l'injustice que serait la mort.
Aussi pouvons-nous être troublés par les mots, écrits et publiés, d'une mère qui a injustement perdu sa fille et souhaite exprimer son ressentiment face à cette mort. Le livre de Nadine Trintignant crée un trouble par les amalgames