En préambule, Michel Wieviorka prévient : les auteurs de l'Avenir de l'islam, en France et en Europe, ouvrage qu'il a dirigé, sont de ceux qui sont régulièrement accusés d'être «naïfs, ignorants, ou traîtres aux valeurs occidentales, à leur propre culture ou à leur propre pays». Pourquoi ? Parce qu'ils refusent de réduire cette religion à ses seules dimensions radicales et hyperpolitisées.
Pour autant, l'islam de France et d'Europe «représente un phénomène nullement stabilisé», reconnaît Michel Wieviorka. Sensible à ce qui se joue sur la scène internationale, c'est une réalité «qui s'invente et se transforme chaque jour».
L'intérêt de cet ouvrage est d'offrir un panorama de cet islam en devenir. Mais son ambition va au-delà. Si le fondamentaliste musulman Tariq Ramadan, et Ahmed Jaballah, directeur de l'Institut des sciences humaines de Paris et membre du Conseil européen de la fatwa, deux structures liées à l'Union des organisations islamiques de France, font partie des auteurs invités, c'est parce que ce livre défend aussi une thèse. Une thèse qu'illustre la contribution de Fahrad Khosrokhavar lorsqu'il appelle à une «réinterprétation de la laïcité et une certaine forme de "tolérance froide"» face, notamment, aux symboles religieux.
D'abord le constat : il existe désormais un islam occidentalisé. Distinct de l'islam pratiqué au bled, et «en phase avec ce qui détermine aussi les autres religions : individualisme et insistance sur la réalisation de soi», comme le décrit Olivier