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TRIBUNE

La double peine des chômeurs

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Les mesures régressives qui s'abattent sur les plus pauvres font le lit de Le Pen.
par Willy Pelletier, Claire VILLIERS, syndicaliste au SNU-ANPE, membre d'AC !, Jean-François YON, président du MNCP et Malika Zediri, responsable de l'Apeis.
publié le 8 octobre 2003 à 1h18
(mis à jour le 8 octobre 2003 à 1h18)

Depuis le 21 avril, la lutte contre le FN fait office de cause nationale. Rien n'est fait toutefois contre les raisons sociales du vote Le Pen. En accréditant l'idée que l'insécurité vient des jeunes, des pauvres, des étrangers, en désignant à la vindicte ceux que Le Pen prend depuis toujours pour boucs émissaires, Nicolas Sarkozy porte à un degré de légitimité supérieure les thèses traditionnelles du Front. Ce n'est pas comme cela qu'on réduira son audience. En particulier dans les banlieues désindustrialisées, pour tous ceux qui voient de moins en moins comment échapper à une condition plus dégradée qu'hier.

Redisons-le : le 21 avril, tous les chômeurs n'ont pas voté FN. Beaucoup ne sont pas inscrits sur les listes électorales, ne votent pas ou ne votent plus. Mais le vote Le Pen a aussi une compo sante populaire. Et l'accumulation de mesures régressives qui s'abat sur les plus pauvres pourrait bien renforcer ce choix catastrophique, ne serait-ce que pour «emmerder ceux qui nous emmerdent, et qui nous abandonnent complètement», comme nous l'indiquait, il y a peu, un manutentionnaire licencié.

Abandonnés, floués, trompés, dans l'impression de n'avoir prise sur rien, plus aucune prise, même sur les prochains mois, c'est justement ce dont témoignent tous les chômeurs que nous rencontrons. Et qui «n'en peuvent plus», qui ne «comprennent pas pourquoi on s'acharne toujours sur les mêmes», depuis qu'ils ont appris qu'avec l'accord Unedic du 20 décembre 2002 signé par le Medef, la C