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Libération
TRIBUNE

Dangereuse impuissance.

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par Mariette DARRIGRAND
publié le 15 octobre 2003 à 1h23

Nous sommes dans une société d'images, la cause est entendue. Néanmoins, régulièrement, ce sont des mots qui émergent et s'imposent à nous. Des mots récurrents qui apparaissent dans un univers avant de se balader ensuite, comme par effet d'échos, dans d'autres. Depuis début septembre et la rentrée politique, un de ces mots doit retenir notre attention. C'est le mot «impuissance». Quand il est employé pour critiquer le gouvernement par exemple, on ne sait s'il remplace les notions habituelles d'immobilisme, de frilosité, d'incompétence... Ce que l'on perçoit, en tout cas, c'est qu'il fait passer dans un autre registre, radicalisant la question politique, et même sortant d'elle en passant du concept de pouvoir à celui de puissance. Les politiques, déjà dépendants de l'économique et de l'évolution mondialisée des choses, apparaissent là drastiquement privés de toute capacité d'intervention.

L'impuissance ainsi entrevue va donc bien avec le thème du déclin, largement développé depuis quelques semaines. Elle peut en ce sens concerner, au-delà des gouvernants du moment, l'Etat tout entier. Mais cette impuissance n'est pas, si l'on peut dire, l'apanage des puissants... Le plus intéressant dans ce mot est qu'il peut qualifier aussi bien l'accusé que la victime, le méchant que le gentil. Par exemple, l'impuissance peut s'appliquer aux médecins urgentistes durant la canicule, non dans le but de les dénoncer mais, à l'inverse, de les soutenir et de se montrer solidaires de leur conditio