Nous sommes entrés dans l'ère du risque dans le même mouvement qui conduit nos concitoyens à rechercher éperdument le confort et la sécurité. C'est le risque nucléaire qui représente la quintessence du risque technologique moderne. Matérialisé dans toute son horreur politique et militaire à Hiroshima et Nagasaki, mis comme entre parenthèses pendant la guerre froide, il réapparut quarante années plus tard sous une forme différente mais non moins terrifiante, à Three Mile Island et à Tchernobyl. Il est aujourd'hui, dans tous les esprits, lorsqu'on évoque le terrorisme.
Deux questions majeures se posent : le risque nucléaire, dans ses différentes composantes militaire, civile et terroriste , s'est-il aggravé ? Les politiques de prévention ou de précaution mises en oeuvre sont-elles adéquates dans leur contenu comme dans leur formulation ?
Le risque majeur réside, bien évidemment, dans l'emploi militaire de l'arme nucléaire, synonyme d'horreur absolue. Cette terreur a structuré les relations entre l'URSS et les Etats-Unis pendant la guerre froide où la pratique constante de la politique du bord du gouffre s'accompagnait d'un dialogue ininterrompu pour l'éviter. Depuis 1991, le risque nucléaire est devenu plus diffus et multiforme. La prolifération nucléaire se double désormais d'une dégradation du «dogme du non-emploi» dans les nouvelles puissances nucléaires, et d'un chantage à la bombe chez les candidats à la bombe, autant de primes données aux Etats dotés d'armes nucléaires