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Libération

On achève bien le prêt-à-porter

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publié le 15 octobre 2003 à 1h23

Tous les ans, sinon deux fois l'an, à l'heure des collections de prêt-à-porter, la télé introduit le quidam dans ces salles très closes où des créateurs très talentueux présentent des oeuvres très prestigieuses. C'est un grand honneur qu'elle nous fait là, la télé, car ces oeuvres sont d'art. A défaut de les porter, le quidam va se repaître l'oeil de canons dont lui-même ne sait trop s'ils sont de chair ou de tissu. Et, s'il est devenu d'usage de mêler les uns et les autres dans le terme flou, mais commode, de «tendance», le quidam peine à définir ce que celle-ci identifie : pour tout dire, il est patent qu'au-delà du court ou du long pour le porté, du gros ou du maigre pour le portant, le quidam se fout de la «tendance»... C'est là un problème pour le créateur et pour l'industrie : afin d'accrocher la marque dans la mémoire du quidam, il faut désormais autre chose que la coupe ou le plissé qui font un style. De saison en saison, il fallut plus de happy few au pied des podiums, plus de son et de lumières alentour, et plus de bruit et de fureur dessus. Las ! Même les happenings scandaleux (les mannequins de Marjiela défilant en pyjamas rayés de concentrationnaires) ont lassé le quidam. Tandis que le fastidieux exercice de promo tourne à vide, que créer, pour un passage dans un 20 heures hertzien, quand le chiffre d'affaires du chiffon s'appuie sur moins de trois mille clients ? Essayons encore, s'est dit Alexander McQueen... Pour présenter samedi sa collection, Salle Wagram,