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TRIBUNE

Gauche: en finir avec l'antisionisme

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par Christophe Ramaux
publié le 20 octobre 2003 à 1h27

La polémique suscitée par la participation au Forum social européen de Tariq Ramadan, auteur d'un texte pour le moins équivoque sur les supposés «intellectuels juifs orientés par un souci communautaire» pose au moins une question : peut-on, comme le font encore certains à gauche, en particulier dans la gauche «critique», se revendiquer de l'antisionisme ? Car l'antisionisme pose décidément problème, si du moins on accepte de reconnaître le «droit à l'existence» de l'Etat d'Israël. Comment peut-on, en effet, reconnaître ce droit et simultanément condamner ce qui est au fondement de la genèse d'Israël, en l'occurrence le sionisme ? «Je te reconnais le droit à l'existence mais dénie toute légitimité à ce qui te fonde.» Telle est en substance ce que soutient l'antisionisme. On conçoit, en retour, la réaction de ceux qui assimilent l'antisionisme à de l'antisémitisme : quel autre Etat, quel autre peuple, reçoit un tel traitement spécifique ? D'où ce dialogue de sourd ou plutôt cette spi rale délétère entre une gauche qui croit devoir être antisioniste pour appuyer son combat en faveur des droits des Palestiniens à un Etat, et ceux qui voient dans cet antisionisme un antisémitisme latent qui légitime, en retour, l'indulgence sur les crimes du gouvernement israélien. Le basculement d'une bonne partie de la communauté juive ­ mais convient-il de parler de «communauté» ? ­ vers la droite en France, ces vingt dernières années, ne trouve-t-il pas une de ses racines dans ce qu'elle perç