Le statu quo n'est plus tenable. Voilà quinze ans que la querelle du voile contraint la communauté scolaire à assumer tout à la fois le débat sur la place de l'islam en France, la montée des communautarismes, la défense de la laïcité contre le fondamentalisme mais aussi l'exclusion sociale et la réussite de chaque enfant. C'est trop lui demander. On l'a vu encore récemment avec le «cas d'école» du lycée Henry-Wallon d'Aubervilliers. L'exclusion prononcée contre les deux jeunes filles qui refusaient de retirer leur voile a été une décision pénible pour les enseignants. Parce qu'ils vivent l'éducation comme une émancipation pour l'élève, ils ont cherché en vain une solution alternative. La sanction décidée en dernier recours était la seule possible. La laïcité ne peut se négocier, elle ne peut se marchander, à l'école comme dans toutes les administrations publiques.
Comment ne pas s'inquiéter de la réaction du Conseil français du culte musulman, étrangement consulté par le ministre de l'Intérieur sur une question relevant des pouvoirs publics, qui considère le voile comme une «préconisation religieuse» et l'érige en étendard de la «liberté de croyance». Quel message rétrograde au regard des pays de religion musulmane qui tentent de faire évoluer le statut de la femme contre leurs intégristes (avant-hier la Turquie, hier la Tunisie, aujourd'hui le Maroc). Comment ne pas s'alarmer qu'une des principales autorités de l'Etat, le ministre de l'Intérieur, ait choisi de s'appuyer sur