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Libération

Pourquoi ? Parce que...

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publié le 24 octobre 2003 à 1h32

Qu'il n'existe guère de droite qui, à terme ou au premier signe de crise, se révèle extrêmement bienveillante à ses extrêmes, c'est une loi connue que trop de scrutins confirment : qu'on qualifie de populistes, fascistes ou nazillants les Umberto Bossi, Jörg Haider ou Jean-Marie Le Pen, leur commun fonds de commerce raciste et/ou xénophobe fait leur fortune électorale. Ces trois-là sont devenus bande des quatre, avec l'arrivée du milliardaire en francs suisses Christoph Blocher, gratifié dimanche de 26,6 % aux législatives helvètes. Sa campagne a révélé un fond de l'air si pollué qu'il semble n'avoir même pas épargné les antiracistes locaux. On a vu ça sur les étranges affiches de l'Association contre le racisme et l'antisémitisme, qui posent en caractères énormes des questions que le racisme ordinaire est censé se poser. Genre : «Que fait un Tamoul dans un restaurant ?» ou «Comment un juif gagne-t-il son argent ?» L'effet ­ encore redoublé par des capitales enluminées d'un orientalisme de pacotille ­ est garanti : ça vous pète à la gueule à cent mètres de distance, façon propagande pour un Reich de mille ans. Si les réponses respectives sont bien sûr d'évidence («Comme tout le monde, il mange» et «Comme tout le monde, en travaillant»), le problème est qu'il faut s'approcher assez pour les découvrir dans une typo minuscule, ordinairement réservée aux annexes honteuses des contrats d'assurance... Les défenseurs de cette campagne plaident qu'il faut choquer pour faire réfléchi