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Libération

Coût de tabac sur les pauvres

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publié le 27 octobre 2003 à 1h34

«L'art de lever l'impôt, disait Colbert, consiste à plumer l'oie de façon à obtenir le plus grand nombre de plumes, avec le moins de criaillements possible.» En ce sens, aucun doute : la hausse des taxes sur le tabac est un véritable chef-d'oeuvre ! Alors qu'il s'agit du produit le plus taxé (droit de consommation et TVA représentent six fois le prix reçu par le fabricant de cigarettes), les seuls criaillements qui percent le silence sont de réjouissance ; chacun, en dehors de quelques buralistes ronchons, se félicite des effets prévisibles de cette nouvelle hausse et en réclame déjà de nouvelles. Quels effets ? En deux mots : on fumera moins. Mais qui est ce «on» ? Et combien, ce «moins» ?

Pour ce qui est du moins, la réponse est assez bien connue. On sait qu'une hausse de 10 % du prix du tabac se traduit, à terme, par une baisse de la consommation de l'ordre de 3 à 5 % ; les économistes, en des termes moins poétiques que ceux de Colbert, parlent d'une élasticité prix de la demande de long terme de - 0,3 à - 0,5. Pour ce qui est du qui, l'on sait aussi que cette baisse est en principe plus sensible chez les jeunes, qui seront moins nombreux à commencer à fumer, en tout cas du tabac. En revanche, l'effet du prix selon le revenu du consommateur est assez ambigu. Des travaux récents indiquent, assez curieusement, que les multiples hausses du prix du tabac des vingt dernières années ont entraîné une forte baisse de la consommation chez les plus riches, mais ont eu très peu d'imp