Cette contribution est une réponse à deux autres qui, dans ces pages, ont abordé la question de l¹antisionisme comme position politique ambiguë à gauche. Pour Ilan Greilsammer (Libération du 24 septembre), il frôlerait dangereusement l¹antisémitisme. Pour Christophe Ramaux (Libération du 29 octobre), il négligerait abusivement le nationalisme juif.
Après d¹autres, mais dans des termes beaucoup plus mesurés qu¹un Ilan Greilsammer par exemple, Christophe Ramaux dénonce ce qu¹il appelle «l¹ancrage antisioniste d¹une partie de la gauche». Il vaut d¹autant plus la peine de lui répondre qu¹il tente d¹analyser les ressorts cachés d¹un positionnement qui, pour une fois, n¹est pas renvoyé au spectre d¹un antisémitisme auquel succomberaient les défenseurs de la cause palestinienne, mais bien plutôt «au trou noir de la pensée d¹une large partie de la gauche : son incapacité à penser de façon progressiste la question nationale».
La nation est en effet le cadre naturel de l¹exercice de la citoyenneté et, en même temps, s¹incarne dans une communauté aux fondements historico-culturels dont les limites sont par essence tout à la fois inclusives et exclusives. De ce point de vue, un «Etat juif démocratique» n¹est pas une contradiction dans les termes, et devrait même pouvoir atteindre une certaine «normalité» si les deux conditions suivantes sont remplies : d¹une part la création d¹un Etat palestinien pleinement souverain à côté d¹Israël ce qui mettrait fin à la concurrence entre deux «proje