Ç'aurait pu n'être qu'un de ces happenings orchestrés sur le Net par ces agitateurs masqués recrutant de doux enfants rebelles, nostalgiques d'un situationnisme matriciel, à l'heure où les flash mobs (1) remplacent les manif': voici deux semaines, les réfractaires au décervelage marchand ont investi le métro pour signifier, à grands coups de bombes de peinture acrylique contre l'affichage publicitaire, la répulsion que leur inspire l'affichage publicitaire (Libération des 20 et 25 octobre). Des vestiges subsistent ça et là de leur édifiante colère. Mercredi, ils ont gagné : l'entreprise Métro-bus publicité, qui gère cette forme de réclame pour la RATP, a porté plainte contre X et pour «dégradation», en estimant son déficit de quatre à cinq cent mille euros (2). Une autre plainte a été déposée par la RATP, mais avec une discrétion un peu honteuse. La Régie, qui prône sur les ondes de France Inter une «bus attitude» d'un civisme gentiment gnan-gnanteux, semble avoir confusément compris que la procédure risquait fort de lui revenir vite et fort dans la tronche car, fût-elle passive, la sympathie des usagers à l'endroit des pirates (3) est difficilement contestable. La chose semble avoir échappé au monsieur qui dirige Métro-bus publicité, avec lequel nous avons bavardé, et qui nous laissa perplexe. Passé un amusant «sans la pub, la France ressemblerait à la Corée du Nord», l'homme des annonceurs plaida, en effet, que l'antipub se disqualifia en utilisant les mots de la tribu pub
Pub, antipub, même bateau !
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par Pierre Marcelle
publié le 7 novembre 2003 à 1h46
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