J'étais jeune encore quand je me suis décidé à faire ce métier, et j'ai encore dans l'oreille les saillies des copains, tandis que, candide petit reporter, je m'épuisais à leur faire entendre qu'il était possible de faire ce métier sans malice et sans vergogne. C'était sans doute plus difficile alors, mais, vingt-cinq ans après, je reste persuadé qu'il n'y avait ni malice ni vergogne dans la double page du Parisien de vendredi titrée : «Islam : l'homme qui déclenche la polémique», à l'occasion de l'invitation à débattre faite à Tariq Ramadan, au Forum social européen. Si, sursollicité par les médias, le diable Ramadan ne leur a pas fait le cadeau d'un dérapage public, il a fait salles combles, dont chacun est ressorti sans que soit notablement modifiée son intime perception du sulfureux islamiste. Entre «on lui fait un faux procès» et «il avance masqué», tout le monde sembla convenir que l'homme avait «réussi son coup médiatique». Alors, Tariq Ramadan, intégriste islamiste antisémite, et basta ? En l'état, on ne jurera pas du contraire. On attendra, donc. On attendra de voir jeudi soir Nicolas Sarkozy, qui a l'air d'avoir là-dessus sa petite idée, débattre sur F2 avec (contre) lui, et avec plus de bonheur que ses précédents contradicteurs. En espérant que le ministre aura sérieusement préparé son sujet, et pris en compte ce qui fonde l'audience, et pas seulement l'Audimat, de l'universitaire genevois. En souhaitant que Sarkozy ne lui dira pas n'importe quoi comme à propos
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