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Libération

Le contresens des altermondialistes

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publié le 19 novembre 2003 à 1h57

Les altermondialistes s'épanouissent dans la stigmatisation et dans la protestation. Ils se montrent en revanche beaucoup plus embarrassés, maladroits et stériles dès qu'il s'agit de proposer, d'inventer, de construire. L'inspiration ne leur manque jamais pour fustiger les cruautés du capitalisme financier, pour clouer au pilori les inégalités que creuse la mondialisation, pour anathémiser les dangers qu'un développement non maîtrisé précipite sur les peuples et l'environnement. En revanche,définir des objectifs concrets, imaginer des recettes applicables, échafauder un système différent et viable, cela reste visiblement très au-dessus de leurs moyens. Ils savent ce qu'ils ne veulent pas mais ils ne savent pas ce qu'ils veulent. Ils détaillent volontiers le cauchemar qu'ils vivent mais ils sont incapables de préciser leurs rêves. Ils fulminent avec passion mais ils sont en panne sèche d'idéation. Ce sont des utopistes sans utopie.

Du coup, ils ont un besoin primordial d'objectifs intermédiaires, de cibles immédiates à désigner. Faute de savoir vers où entraîner leurs troupes, il est urgent, il est impératif de savoir contre qui les lancer. On aurait donc pu s'attendre à ce qu'ils s'en prennent à leurs ennemis naturels, aux multinationales américaines, au secrétaire au Trésor des Etats-Unis, aux gourous de Wall Street, au président de la Federal Reserve Bank ou encore à Silvio Berlusconi, symbole européen de la mondialisation sans frein. Pas du tout : les altermondialistes ont