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Libération

La Géorgie oubliée du monde

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publié le 20 novembre 2003 à 1h58

La déliquescence et la fripouillerie étatiques sont en train de menacer la région du Caucase comme elles se sont emparées d'une bonne partie de l'Afrique. Mais l'Occident ­ les Etats-Unis tout autant que l'Europe ­ préfère fermer les yeux sur ces Etats en voie de perdition, parfois par intérêt, souvent aussi par indifférence.

Quitte à feindre l'étonnement, demain, si une guerre civile éclate ici ou si une dictature s'avère là. La situation la plus désespérante est sans doute celle de la Géorgie, pourtant l'une des anciennes Républiques soviétiques où il faisait le moins mal vivre du temps de l'URSS grâce à son climat, à son agriculture, à son tourisme et à la débrouillardise de ses habitants qui n'avait d'égale que leur entêtement à maintenir leur culture et leur mode de vie. Douze ans après son indépendance retrouvée, la Géorgie est un Etat mutilé, amputé, au bord de l'explosion. La faute première en revient sans conteste à la Russie qui a fomenté, et qui entretient toujours, la sécession de l'Abkhazie, région côtière de la mer Noire dont la nomenklatura soviétique appréciait particulièrement les villégiatures. Pour faire bonne mesure, Moscou a aussi encouragé la défection de deux autres régions de la Géorgie, l'Ossétie du Sud et l'Adjarie. Il s'agissait pour le Kremlin de «punir» les manifestations d'indépendance de la Géorgie, tout particulièrement la «trahison» d'Edouard Chevarnadzé, son président, mais surtout l'ancien apparatchik du KGB, l'ancien «patron» de la Géorgie