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Libération

En attendant la belle Europe

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publié le 21 novembre 2003 à 1h59

Des procédures ardues visant à accoucher une Constitution pour l'Europe, hormis quelques contributions susceptibles de nous en faire mesurer les lourds enjeux (voir la confrontation Jean Pisani-Ferry/Yves Salesse, Libération du 14/11/03), il nous semble plus souvent percevoir l'écume (1) que l'essence. A ce jeu de cache-tampon, les légitimistes déçoivent plus que leurs contestataires. Passons sur la scie incantatoire visant les «altermondialistes», dès lors que ceux-ci s'émeuvent ­ à bon droit, ma foi ­ de voir graver dans le marbre constitutionnel le dogme libéral. «Mais c'est déjà le cas !», s'égosillent des pleureuses si vite résignées à cette fatalité, et si conscientes de l'indigence de leur prêche, qu'elles semblent déjà avoir renoncé à convaincre. Un peu comme lors du Forum social, elles suggèrent que ce serait à ceux qui doutent qu'il reviendrait d'apporter les outils nécessaires pour construire l'Europe sociale (2), et ne trouvent à redire à ce que le Medef ait braqué le magasin. En désespoir de leur cause, un argument, pourtant, roucoulé dans les sonneries de clairon du 11 Novembre, a pu sembler paré d'une autorité définitive : la Constitution européenne garantirait pour l'éternité (ou quasi), paraît-il, la paix continentale. Outre qu'il fait peu cas de ce que les traités, ça se déchire, on se demande, à considérer l'état des lieux, de quelle paix il pourrait bien s'agir. Si c'est la paix qui rassure en rasant Sangatte, non merci. Si c'est la paix des charters tell