Pourquoi cette série d'attentats meurtriers qui visent un pays musulman et qui sont revendiqués par les partisans du jihad contre l'Occident ? Cette question mérite d'être posée, ne serait-ce que pour mieux comprendre l'évolution du gouvernement turc, issu d'un mouvement islamiste mais qui se dit désormais «démocrate conservateur».
Au lendemain des élections de novembre 2002 qui donnèrent au parti de Recep Tayyip Erdogan une écrasante majorité au parlement, j'étais de ceux qui nourrissaient des doutes sur l'orientation démocratique du nouveau pouvoir. Aujourd'hui, je constate que, en un an, ces «fervents de liberté religieuse et de tolérance», selon leur propre expression, ont rapproché la Turquie de l'Europe comme aucun gouvernement dans l'histoire de la république n'avait réussi à le faire. Dans un discours prononcé devant des hommes d'affaires turcs à Berlin, il y a quelques jours, le chancelier Gerhard Schröder l'a confirmé en disant : «A ce rythme, le Premier ministre turc et son gouvernement vont franchir le cap des critères de Copenhague.»
Je n'étais pas le seul dans l'assistance à être agréablement surpris par ces paroles, qui dénotent un début de changement de la politique allemande vis-à-vis de la Turquie dans sa longue et pénible marche vers l'Europe. Et je dois avouer que ce gouvernement pour lequel je n'ai pas beaucoup de sympathie est décidé à trouver une solution au conflit chypriote et cristallise, par ce fait, le désir d'Europe de la Turquie.
Imaginez un pays m