Il faut se réjouir qu'un «débat sur l'avenir de l'école» soit lancé par le gouvernement. Je l'ai moi-même souhaité à plusieurs reprises et j'ai regretté qu'en 1998, après la consultation sur les lycées que nous avions conduite, le débat ne se poursuive pas, au sein de la société civile comme au Parlement. Car l'école est, en même temps, une des préoccupations les plus personnelles des Français puisqu'elle traite de ce qu'ils ont de plus précieux : leurs enfants et une question essentielle pour l'avenir de la nation puisqu'elle est, selon la formule de Condorcet, «une institution organique de la République». Or la modernité exaspère le clivage entre ces deux dimensions : chacun veut légitimement, pour ses propres enfants, les meilleures conditions de scolarisation possibles, et chacun perçoit bien que la juxtaposition d'intérêts individuels légitimes ne produit pas miraculeusement du «bien commun». Qui ne comprend des parents qui changent leur enfant d'établissement pour qu'il ne soit pas victime de «mauvaises fréquentations » ? Et qui ne voit pas que, si ce comportement se généralisait, il détruirait le creuset social de l'école républicaine ? Tant qu'il existait un «bien commun» suffisamment accepté pour contrecarrer les velléités individuelles, l'institution scolaire pouvait monnayer les renoncements imposés aux familles contre un certificat de bonne conduite citoyenne. Une telle compensation est aujourd'hui bien dévalorisée...
C'est pourquoi la définition du «bien co