Menu
Libération

D'un gorille et des hommes

Article réservé aux abonnés
publié le 26 novembre 2003 à 2h03

Voilà. C'est fini. Il est mort, Flocon de neige (Copito de Nieve, en castillan), le gorille blanc du zoo de Barcelone, lundi, d'un crabe, à l'âge à peu près déterminé et canonique de 40 ans. Spécimen unique du fait de son albinisme, Copito, 181 kg pour 1,67 m, était un hapax de singe, une figure et un symbole de la cité. Immigré de Guinée-Equatoriale à la fin des années soixante, il a pris un ascenseur social qui en fit bientôt une affaire pour les marchands de tourisme, et il paraît que, aujourd'hui, l'Espagne pleure. Pour avoir croisé une fois le regard du gorille immaculé, on la comprend. C'est toujours bouleversant, un singe ­ autant dire une anagramme de signe ­ et un homme qui se regardent l'un l'autre comme dans un miroir. De là à pousser l'anthropomorphisme jusqu'à décréter, ainsi que l'a fait l'équipe du zoo, qu'il ne serait pas autopsié «par respect pour son corps»... Si l'on conçoit qu'il y a de l'humanité dans le respect (appelons ça comme ça) de l'animalité, et que les «amis des bêtes» ne sont pas tous de furieux sectaires, vient toujours un moment où, à propos de battue aux sangliers ou de chasse aux phoques, «ça» bloque. Ainsi, «ça» bloquait, la semaine dernière à Berlin, où l'association People for the Ethical Treatment of Animals (Peta) projette, pour dénoncer l'élevage industriel et les abattoirs, de lancer une campagne d'affichage sur le thème «L'holocauste dans votre assiette». Seraient ainsi exposés-accolés des clichés représentant des troupeaux de bovin