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Libération

Filiation biologique mon amour

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publié le 2 décembre 2003 à 2h09

«On choisit ses amis, pas sa famille.» Un regard attentif sur les évolutions du droit des dernières décennies, aussi bien dans les lois que dans la jurisprudence, montre que ce dicton est plus pertinent que jamais, s'appliquant à la relation des enfants avec leurs parents «biologiques». Evidemment, pensera-t-on, n'est-ce pas la relation la plus naturelle de toutes, la moins susceptible d'être négociée ? Plus vraiment, car grâce à la contraception, l'avortement et la médicalisation de la procréation, les parents peuvent maintenant «choisir» leur enfant. Non seulement l'opportunité de le faire naître, mais aussi son état de santé.

Le caractère violemment unilatéral de cette liberté des parents apparaît dans certains cas extrêmes. A Washington récemment, un couple de lesbiennes sourdes a choisi de faire naître un enfant avec le sperme d'un donneur sourd, afin que leur fils appartienne aussi à cette «minorité linguistique». Face à cela sont apparues dans certains pays, comme les Etats-Unis, de nouvelles plaintes ­ des enfants accusant les parents qui les ont fait naître très handicapés (tout en ayant pu l'éviter), pour les abandonner par la suite. Certes, les juges ne donnent pas suite à ces demandes. Mais n'est-ce pas parce que les admettre impliquerait de laisser aux enfants un mot à dire sur les conditions dans lesquelles ils viennent au monde ?

Plus généralement, on constate une tendance nette au renforcement du lien des enfants avec leurs parents «biologiques», au détriment d