En 1492, les juifs expulsés d'Espagne se réfugièrent dans différents pays musulmans. Ceux qui sont allés en Turquie ottomane proposèrent au sultan un cadeau technologique inespéré : rien de moins que les procédés, encore secrets, de l'imprimerie de Gutenberg. Sous la pression des docteurs de la foi (les fikhs), qui jugèrent cette invention blasphématoire vis-à-vis de la sainte calligraphie du Coran, le sultan déclina l'offre. Il y a dans cette anecdote tout le symbole de ce refus du progrès qui, en partie, constitue une des raisons majeures du déclin du monde musulman, pour ne pas parler de sa décadence.
Sous la férule des fikhs, la régression de l'Islam semble trouver son origine dans ce repli mortifère sur soi. De fait, l'âge d'or du monde musulman n'est pas tant incarné par ses conquêtes qu'il le fut par son ouverture au monde, à la pensée et au progrès, personnifiée par Averroès. Depuis, le monde musulman est rentré dans une période de glaciation qui perdure. Il a comme sombré dans une raideur qui n'a de similaire que la rigidité de ses fikhs.
Cette défiance sélective face au progrès, perçu comme l'incarnation de la victoire de l'Occident, est renforcée, dans une dialectique, par un autre facteur : la place de la femme. Ce sont là les deux éléments qui sont à l'oeuvre dans la genèse et la continuité de la sclérose en plaques qui frappe le monde musulman.
Dès lors une question se pose. La religion, en particulier musulmane, ne serait-elle pas une chose trop sérieuse pour êtr