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Libération

Urgences

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publié le 2 décembre 2003 à 2h09

Sur fond aigu de sirènes d'ambulance, la sale petite musique de culpabilisation des familles a donc repris son antienne ­ un ton en dessous, il est vrai, mais quand même... Synchrones et bien relayés par les bulletins radio, le ministre Mattei et le secrétaire général de l'UMP Douste-Blazy ont, comme ils pouvaient, tenté de mettre en garde le populo contre l'«engorgement» des services d'urgences des hôpitaux publics. Extraits. Dr Mattei : «La médecine de ville et la permanence des soins d'abord, et l'urgence en recours.» Dr Douste : «Il y a de moins en moins de vraies urgences, ce sont de plus en plus ce qu'on appelle des bobologies.» Dans ce rappel du bon vieux «Aide-toi, l'hôpital public t'aidera», on pouvait entendre comme l'écho du lancinant «Arrosez vos vieux !», tube caniculaire annonciateur de la grande arnaque du transfert de responsabilité ­ des pouvoirs publics aux égoïstes citoyens ­ dans la mortalité estivale. Variante du week-end : «Au lieu de mettre des vies en danger en vous accrochant aux basques des urgentistes qui ont autre chose à foutre, allez donc voir un pédiatre ou un généraliste.» Dans le creux de ce discours, il conviendrait donc d'imaginer que ces femmes qui encombrent les salles d'attente de Robert-Debré ou de Trousseau avec leurs gosses sur les genoux et les pleurs de ceux-ci dans les oreilles, ne sont là que parce que leur toubib de famille s'est absenté pour le week-end ; ou parce que leur foi en l'hôpital public est telle qu'elle vaut bien sept