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Libération

Europe, l'heure de vérité

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publié le 3 décembre 2003 à 2h10

Le sort du projet de Constitution européenne mis au point sous la houlette de Valéry Giscard d'Estaing va se jouer dans neuf jours au Conseil européen de Bruxelles. Ce sont, comme prévu, les chefs d'Etat (Jacques Chirac) et de gouvernement (les vingt-quatre autres) qui devront trancher. Les choses se présentent aussi mal que possible. Les cinq mois de préparatifs diplomatiques ont été à peu près inutiles, notamment en raison de l'absence de stratégie cohérente de Silvio Berlusconi, président en exercice du Conseil européen depuis le 1er juillet. Il faudra tenter d'arracher une décision, positive ou négative, au forceps et en quarante-huit heures.

Ce n'est certes ni la première ni la dernière fois qu'une crise européenne ne peut se dénouer qu'au sommet, entre chefs de gouvernement et à l'issue d'un psychodrame. L'ennui est que cette fois-ci, il s'agit d'accepter ou de rejeter un équilibre institutionnel terriblement complexe, engageant l'Europe pour des décennies. Deux jours d'orages et de manoeuvres devront accoucher d'une décision majeure dont les effets pèseront lourdement sur le destin de vingt-cinq nations pendant peut-être une génération. C'est bien pourquoi mieux vaut cent fois un échec et une crise ouverte plutôt qu'un mauvais compromis et une Constitution européenne souffrant dès le départ d'une infirmité congénitale massive.

Une chose est déjà claire : le projet de Constitution qui sortirait du Conseil européen ne peut représenter en aucun cas une amélioration par rap