On pourrait sans doute critiquer à l'infini le projet de loi Perben II «portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité» qui vient d'être adopté en seconde lecture à l'Assemblée nationale, et qui sera prochainement réexaminé au Sénat. Tant son architecture générale que ses dispositions précises traduisent une conception de la justice rétrograde et dangereuse pour les libertés. Mais critiquer le projet en toutes ses dispositions serait vain car la messe est dite, compte tenu de l'assise parlementaire de la majorité et du silence assourdissant de l'opposition dont il faudra bien finir par se demander à quoi elle sert.
Partant, plutôt que de critiquer le contenu du projet, c'est ce qu'il ne contient pas qui retiendra ici l'attention. Il semble en effet que les rédacteurs du texte ne soient pas allés au bout de leur propre logique et cela ne laisse pas de surprendre. L'objet du projet de loi est notamment de fournir des moyens d'enquête supplémentaires pour une série importante d'infractions limitativement énumérées au futur article 706-73 du code de procédure pénale. Parmi celles-ci figurent par exemple le trafic de stupéfiants, la traite des êtres humains, l'aide à l'entrée et au séjour irréguliers d'un étranger... On relève aussi certaines infractions qui concernent cette fois-ci l'atteinte aux biens : la fabrication de fausse monnaie, le blanchiment d'argent, l'extorsion de fonds, certains recels... Mais du délit de corruption, on ne trouve point traces pa