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Libération
TRIBUNE

De la société de l'information à la cohabitation culturelle

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publié le 8 décembre 2003 à 2h14

Les événements sont allés vite, cet automne, autour du retour d'une réflexion critique sur le statut de l'information. Ce fut d'abord Cancun (septembre), puis le Forum social européen à Paris (novembre), et maintenant le premier sommet mondial de la «société de l'information» qui s'ouvre mercredi à Genève. De quoi s'agit-il avec ce sommet ? Du statut des industries de l'information dans le cadre de la mondialisation. Depuis une quinzaine d'années, «la société de l'information» est considérée comme le complément politique de la mondialisation économique, et comme le modèle futur des sociétés. Puisque l'information est devenue centrale dans toutes les activités, et omniprésente grâce à la performance des réseaux, il faut y voir le modèle d'une nouvelle économie avec la réduction possible du fossé Nord/Sud, et l'émergence d'autres rapports sociaux et culturels, moins inégalitaires. C'est ce schéma, apparemment simple, qui risque d'être contesté, pour deux séries de raisons.

La première est qu'il n'y a pas d'information universelle. Celle-ci n'est pas une catégorie naturelle, elle est toujours construite à des fins particulières, et même si des milliards d'informations sont traités par les ordinateurs, elles n'ont ni la même définition ni le même sens. Le mot recouvre des réalités radicalement différentes dans l'économie, la société, la politique, la science, la culture. L'information n'existe pas en soi ; elle est toujours liée à des valeurs, intérêts, et à une représentation de