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Libération

218, rue d'Aubervilliers.

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publié le 9 décembre 2003 à 2h15

Combien, le Téléthon ? Une centaine de millions d'euros. Très bien. Et le pourcentage de défiscalisation de notre annuelle aumône aux Restos du coeur, combien ? 66 %. Très émouvant. La douleur et la misère reçues au chaud de la télé et aux ors de l'Assemblée ont assez gavé-repu notre mauvaise conscience pour nous rendre aveugles à celles qui, démonétisées, sont restées sur le trottoir. En fait de trottoir, un e-mail du camarade Francis Mizio, ex de Libération, nous signala lundi celui de la rue d'Aubervilliers, à hauteur du n° 218 où un drapeau tricolore lèche une façade de béton sale à l'enseigne Centre de réception des étrangers, que gère la préfecture de police et où se demande l'asile (1). Le centre ouvre à 8 h 30. Dimanche, vers 21 heures et par déjà -4 degrés, Mizio fut surtout choqué par la queue d'une trentaine de miséreux, essentiellement d'origines africaine et asiate, s'abritant sous un tunnel de carton du vent d'est qui gifle le pont de chemin de fer, sur lequel des barrières métalliques les enserrent. Lundi, à 9 h 30, les cartons étaient toujours là, épars, et une douzaine de candidats à l'asile aussi ; une dizaine, ce qui pourrait sembler peu si une affichette scotchée à l'entrée ne prévenait : «Pas de notice d'asile politique le lundi 8 déc.» N'ayant pas rendez-vous, cette dizaine-là entamait une attente d'au moins vingt-trois heures, sans maraude de Samu social, sans soupe populaire et sans compassionnelles caméras. Mais le soleil du grand jour de lundi renda