Il y a encore peu ou bien serait-ce déjà si lointain qu'on l'aurait oublié, des femmes et des hommes, au-delà de leurs attachements publics et privés, en réaction aux atteintes à leur dignité, à leur imagination, aux blessures de leurs identités multiples, sont descendus dans la rue pour dire leur refus de l'extrême superlatif et de son corollaire : la haine. Depuis, la haine continue d'infuser et se diffuse dans les replis de notre société, elle s'est édulcorée parfois et entache jusqu'aux principes républicains qui depuis deux siècles sont définis pour régir la cité. Elle s'imprime dans les actes de refus, de stigmatisation et de diabolisation de l'autre.
Sur ce terrain glissant, il n'est pas jusqu'à Ulrich Beck, dont les analyses décisives sur «l'autre modernité» nourrissent notre effort de complexité, qui dans une formule hâtive et malheureuse, se fourvoie en réduisant les auteurs d'actes judéophobes aux seuls «jeunes Français d'origine arabe» ; même s'il disculpe ces Français d'un autre type sur le front de l'antisémitisme, ayant sans doute à l'esprit qu'ils sont aussi des Sémites qui s'ignorent. Il cède ainsi à l'essentialisme qu'il dénonce à juste titre dans la puissance des stéréotypes en vogue et valide malgré lui des mots d'ordre idéologiques méprisables qui visent à désigner les coupables à la vindicte populaire sans attendre que la justice soit rendue.
Le risque de la haine vient aussi se nicher à l'envers d'une laïcité inoxydable révélant ainsi la définition ethni