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Libération
TRIBUNE

Le dernier tabou

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par Georges-Marc BENAMOU
publié le 9 décembre 2003 à 2h15

Quelle tempête ! En écrivant ce Mensonge français (1), je m'attendais bien ­ comment le nier ? ­ à ce qu'un débat s'ouvre sur l'histoire occultée de la fin de la guerre d'Algérie ; mais pas à cette exécution qu'ont tentée quelques vénérables éditorialistes, préférant l'anathème et l'insulte, à la critique, même sévère ; pas à la mobilisation du gouvernement, à travers le ministre des Anciens combattants M. Mekachera, chargé d'étouffer l'affaire «harki». Et pas non plus à cette médiocre campagne de dénigrement... Insulter sans lire. Condamner sans entendre. Quel «crime» ai-je donc commis pour mériter telle campagne... ? Celui de ne pas être historien ? Le reproche revient si souvent, mais l'ai-je jamais prétendu ! Dès la première phrase, j'annonce : «Ce livre n'est pas une histoire de la guerre d'Algérie. Des historiens s'y sont attachés... Ce livre est un voyage... Des retours d'Algérie.» D'ailleurs, ce ne sont pas les historiens qui m'ont cherché querelle.

Un autre grief que l'on m'adresse, c'est celui de ne rien révéler. Ceci est pour le moins paradoxal dans la bouche de ces «initiés» qui, dans le même temps, se scandalisent de mes blasphèmes. Certes les «initiés» dont je parle «savaient» pour les harkis, le zigzag des négociations gaullistes ou le viol des accords d'Evian, mais ils le firent si peu «savoir». Si d'ailleurs on devait les suivre dans leur raisonnement, il eût fallu, après Kravtchenko, ne plus parler du Goulag et de Staline, alors que trente ans auront été néc