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Libération

Ambivalence

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publié le 16 décembre 2003 à 2h21

Pas besoin d'être un thuriféraire de Saddam et de son régime déchus pour se demander s'il n'en fut pas fait un peu trop, dans l'universelle exhibition du dictateur fait aux pattes, dimanche, dans son «trou à rats». On a bien entendu toutes les raisons censées la justifier, au premier rang desquelles la nécessité de «prouver» que dans ce clochard aux faux airs de Michel Simon (dans Boudu sauvé des eaux) se cachait le «Saladin» d'une plus qu'hypothétique néo-arabitude. Ce nonobstant, on a pu se dire qu'à trop vouloir «prouver»... Car, à défaut de compassion, les images de ce chef manipulé par des gants de latex (le simulacre d'épouillage de son crâne chevelu ou l'exploration de sa bouche comme une allégorie de caverne où se cacheraient tous les Ben Laden de l'axe du Mal) ont suscité un réel malaise. L'humiliation du vaincu, outre qu'elle apparaît ici tactiquement contre-productive (dans cette crépitude, comment identifier le chef de la «résistance» aux coalisés ?), est toujours de trop ; jamais elle n'honore le vainqueur. A ainsi mettre en scène son triomphe de Romain, l'Amérique s'expose plus gravement au soupçon de prétendre occulter tout le reste ­ des douze années d'embargo jusqu'aux modalités du procès du tyran, que la justice doit à l'opinion internationale ; elle semble, en diffusant en boucle un film qui n'est pas qu'un clip électoral pour George W. Bush, vouloir faire oublier le mal-fondé de son principal but de guerre ­ la quête toujours inaboutie des «armes de destr