Comment critiquer sans humilier ? Comment dénoncer sans verser dans la charge raciste ? L'Intifada actuelle mobilise les passions, justes ou mauvaises, et provoque des flots d'encre et de haine. Certes, la caricature est, par excellence, le domaine de l'exagération, de l'hyperbole, donc de l'injuste. Certes, on peut rire de tout... Vraiment ?
Plantu refuse, dans son avant-propos, la licence débridée : «Je fais parfois des dessins tout en sachant que mon journal [le Monde, l'Express, ndlr] les refusera et que moi-même je ne voudrais pas voir paraître. Nous sommes tous traversés de pensées dont nous pouvons avoir honte. Il n'empêche que ces pensées existent, qu'elles agissent en nous, qu'il faut nous en libérer.» Plus loin, il ajoute : «Il est parfaitement possible de faire un dessin anti-israélien sans verser dans la charge antijuive.»
Cette simple mesure d'hygiène morale n'est certainement pas le fait des auteurs réunis par Joël et Dan Kotek, patients (et affligés) collectionneurs de ces images, pour beaucoup insoutenables. Au demeurant, elles ne sont pas toutes issues de la plume de dessinateurs palestiniens ou arabes, mais de toutes sortes de «mouches du coche» dont ce conflit inexpiable alimente l'imagination débordante et, à l'occasion, sanguinaire. Elles paraissent dans la grande presse arabe, parfois sur des sites Internet confidentiels, mais aussi dans nombre de publications occidentales. A l'autre bord, dans les médias israéliens, les caricatures antiarabes ou antimusu