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Libération
TRIBUNE

L'identité meurtrie des jeunes

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publié le 25 décembre 2003 à 2h27

Le terme de conduites à risque, appliqué aux jeunes générations, désigne une série de conduites dont le trait commun est l'exposition à une probabilité non négligeable de se blesser ou de mourir, de léser son avenir personnel ou de mettre sa santé en péril : toxicomanie, alcoolisme, vitesse sur la route, tentatives de suicide, troubles alimentaires, fugues, etc. Elles mettent en danger les potentialités du jeune, altèrent ses possibilités d'intégration sociale. La déscolarisation en est parfois une conséquence. Certaines, inscrites dans la durée, s'instaurent en mode de vie, d'autres marquent un unique passage à l'acte. Les unes relèvent de l'intention, du défi, d'autres de motivations inconscientes.

Les conduites à risque sont devenues en quelques années un souci majeur de nos sociétés, l'indice éclatant du désarroi du sens dans nos sociétés occidentales, de cette difficulté à transmettre que vivent les parents ou les enseignants. Nous ne sommes plus des héritiers, mais dans la déshérence et la nécessité de devenir les artisans du sens de nos existences avec l'injonction d'être toujours à la hauteur. Il n'y a plus de chemin tout tracé ou de lendemains qui chantent après la fin des grandes utopies politiques. Et le libéralisme, avec sa mise en concurrence généralisée, son culte du profit et de la marchandise, contribue à distendre encore le lien social.

Lors de ce prélude à l'âge d'homme, le jeune est simultanément en quête de tutelle et d'autonomie, il expérimente pour le mei