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Libération
Critique

France-Amérique: 0 à 0

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publié le 26 décembre 2003 à 2h28

En ces temps de difficiles réconciliations américano-françaises, deux livres tentent une nouvelle fois d'examiner les ombrageuses relations entre Paris et Washington. Dinesh D'Souza, un temps jeune porte-drapeau des néoconservateurs américains, nous explique «pourquoi il faut aimer l'Amérique». Tâche difficile avec Bush comme président, certainement l'homme politique que les Français ont le plus haï depuis longtemps. Eric Dior parle, lui, d'«un couple infernal» et analyse finement et souvent drôlement deux cents ans de francophobie et d'antiaméricanisme. Dior, longtemps correspondant de la BBC puis journaliste à Marianne, replace avec justesse ces malentendus transatlantiques dans l'histoire et montre que la violence des diatribes actuelles n'a rien à envier au XIXe siècle. Baudelaire parlait de l'Amérique comme une «barbarie éclairée au gaz». N'y aurait-il que La Fayette et Michel Sardou pour rendre justice à l'Amérique ? se demande l'auteur qui, avec raison, voit «dans la haine de l'Oncle Sam le refuge des hantises nationales».

Du côté américain, même incompréhension pour la France, un pays qui de «façon mimétique croit aussi à sa destinée manifeste». Selon Dior, la francophobie s'est durcie et est devenue ad hominem alors que les Français, même les plus bouffeurs de Yankees, peuvent rendre hommage aux films ou au jazz made in USA. Dans ces conditions, «lorsqu'on arrive à un pareil degré d'exaspération mutuelle», le plaidoyer de Dinesh D'Souza, même agrémentée d'une préface