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Libération

De l'inégalité sexuelle.

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publié le 30 décembre 2003 à 2h30

En France, des femmes, on n'en veut ni trop voilées ni trop dévoilées. On ne veut que celles qui se situent dans un juste milieu entre ces deux extrêmes. N'est-ce pas le secret de la faveur qu'a rencontré le slogan : «Ni putes ni soumises» ? Lorsqu'elles s'éloignent de cet idéal, on dit non seulement qu'elles ne sont pas libres, mais encore qu'elles sont manipulées : cherchez, au choix, le terroriste ou le proxénète. On ne se pose même pas la question de savoir si, bien que voilées, elles réussissent à faire des études supérieures, à trouver de bons emplois (dans la mesure où leur nom à consonance «voilée» le leur permet). Pas plus qu'on ne se pose la question de savoir si, comme prostituées, elles ne seraient pas susceptibles d'avoir des gains nettement supérieurs aux autres travailleuses et de mener de ce fait une vie plus autonome. Car ce serait se demander pourquoi les laïques de souche, elles qui ne sont pourtant ni trop voilées ni trop dévoilées, se retrouvent si souvent femmes au foyer, à mi-temps, avec une formation amoindrie, touchant de misérables allocations de l'Etat (dites cette fois de «libre choix») pour éduquer leurs enfants. La seule chose qui importe, pour savoir si une femme est libre, c'est le rapport qu'elle entretient avec son corps, et notamment la manière dont elle vit sa sexualité.

Néanmoins, rien n'est moins évident que les liens que l'on suppose entre le choix de sa sexualité et l'autonomie réelle des femmes. Et surtout, on pourrait se demander si c