L'histoire passionnante que nous raconte Michel Jan remonte à 1971. Déjà grand arpenteur de l'Asie centrale et orientale, il se heurte, lors d'un bref séjour à Khabarovsk, aux confins soviétiques de la Chine, à un double mystère. Celui d'un homme, Vladimir Klepikov, l'interprète qui lui a été attribué par l'Intourist, et celui de la cité dont ce dernier finit par lui confier qu'il est originaire : Kharbine, la ville chinoise la plus septentrionale, fondée en 1898 par les sujets du tsar pour construire le chemin de fer reliant Moscou à Vladivostok. Quel fut le destin de Vladimir, cet homme de 50 ans, mais qui en paraît vingt de plus, qui se dit médecin, mais ne veut rien dire de sa vie, sinon qu'il a appris le français pour entamer des études de médecine à l'université Aurore de Shanghai, alors dirigée par des jésuites français ?
La réponse, bien sûr, résidait à Kharbine (Harbin pour les Chinois) ; mais deux ans après les affrontements sino-soviétiques sur les rives de l'Amour et de l'Oussouri, la ville était interdite aux étrangers. Ce n'est que huit ans plus tard que Michel Jan fera enfin connaissance de la plus russe des villes chinoises. La Révolution culturelle est passée par là pour purger la ville de son passé indigne pour le national-maoïsme : Kharbine, avec ses riches marchands russes, fut d'abord le symbole de l'expansionnisme et de l'arrogance tsariste ; puis celui de la contre-révolution lors que des dizaines de milliers de Russes s'y réfugièrent pour fuir la révol