Dans l'océan des mauvaises nouvelles concernant l'emploi, le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin croit avoir trouvé un élément de réconfort : en septembre, 26 600 entreprises ont été créées, soit 3 600 de plus qu'en septembre 2002. Pourtant, cette progression n'a rien de réjouissant. Elle traduit au contraire la profondeur de la dégradation du marché du travail : de nombreux chômeurs finissent, en désespoir de cause, par se mettre à leur compte, surtout dans le commerce. On avait déjà connu un phénomène analogue après la récession de 1993 : en décembre 1994, le nombre des créations d'entreprises avait également dépassé les 26 000, avant de reculer à mesure que la situation économique s'améliorait. Ces micro-entreprises n'ont, dans 99,9 % des cas, rien d'innovant et mobilisent le plus souvent très peu de capital. Elles ont des chances de survie très faibles. En cas d'échec, leurs créateurs se retrouvent en général dans une situation plus difficile encore qu'auparavant, avec un endettement supplémentaire important. Ceux qui poussent les chômeurs à créer des entreprises bénéficient souvent eux-mêmes d'un statut très protecteur et connaissent très mal l'économie de marché. Ils sont à l'origine de nombreux drames humains.
Contrairement à ce qu'affirme le gouvernement, la France ne manque, de toute façon, pas d'entreprises. Elle en a trop au contraire : selon l'office statistique Eurostat, on compte dans l'Hexagone 435 entreprises industrielles pour 100 000 habitants, contre 288 e