Ce n'est pas Daniel Pommereulle qui aurait pu «penser» un concept aussi aberrant que la «laïcité monothéiste» (1). Trop nietzschéen, trop rimbaldien pour ça ! Proche du zen, celui de Dôgen, il était surtout le descendant direct d'Artaud, celui du Théâtre de la cruauté et de Pour en finir avec le jugement de Dieu. Il célébrait, sans le dire, Dionysos et Prométhée, l'art des Cyclades et celui des Egyptiens. Quand il a conçu, en 1975, le monument Fin de siècle, c'est la Parole qu'il a voulu glorifier, son pouvoir d'invention et de répétition, son éternel retour en forme de bec, crachant l'éclair, de perroquet. Quand il a dressé son monument en marbre noir et blanc aux 450 lames de poignard, c'est le ciel étoilé tout entier qu'il a voulu donner à penser comme libération suprême. Et quand il a exposé son Toboggan, avec sa lame de rasoir immense, c'était pour prévenir de la fin de la civilisation occidentale.
Il a voulu faire coïncider le soleil, le plomb, le désert, la foudre, les fleurs de pêcher et la peinture. Poète ducassien, il a écrit les aphorismes de Café sanglant, qu'il faudrait rééditer, comme une machine à dominer mentalement la Terreur. Jacobin révolutionnaire, mais antistalinien, il ne serait, en aucun cas, revenu au catholicisme de ses ancêtres polonais, comme c'est aujourd'hui la mode. Les interdits en tout genre n'étaient pas sa tasse de thé. Ce qu'il a dit de Duchamp, de son sourire, de son dandysme, fut ce qu'on a exprimé de plus clair et de plus radical à son su