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Libération
TRIBUNE

Tartuffes du piratage

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par François d' AUBERT
publié le 21 janvier 2004 à 22h10

Le piratage de la propriété intellectuelle ne se contente pas de tricher avec la création : il lui faut encore se donner bonne conscience, et faire croire envers et contre tout à sa pure innocence. Car l'intelligence dilapidée pour copier musiques, films et oeuvres diverses n'égalera jamais celle déployée pour falsifier les bons sentiments.

La mauvaise foi fait ici feu de tout bois, et réchauffe les vieux plats. Ainsi, d'après des commentaires présents sur le forum en ligne de Libération, la copie serait toujours légitime, sous prétexte qu'elle se répand, qu'elle est parfois ancienne, qu'elle toucherait surtout les riches, ou qu'en pratique elle ne sait guère qui elle atteint. Serait-elle à coup sûr une courageuse rébellion contre les règles inflexibles de puissances obscures ? La nuisance occasionnée par chacun, au contraire, ne serait pas si forte ? On tente tant bien que mal d'en réparer les dégâts ? Chaque argument apporte tour à tour aux bons apôtres du piratage de nouvelles raisons de nuire.

Mais ces nuisances pèsent peu. La dénonciation des marges énormes des trafiquants d'oeuvres intellectuelles et de leurs méthodes s'efface, dans l'esprit de leurs clients, devant la recherche personnelle du moindre profit. Un discours prétendument contestataire, mais qui ne perd pas de vue ses petits intérêts, aseptise le bon sens quand il ne le noie pas sous la guimauve des louables intentions. « De l'argent pour les chercheurs, mais pas de scrupule pour les brevets pillés.» «Un stat