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Libération
TRIBUNE

La loi, un voile sur la «laïcité».

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publié le 6 février 2004 à 22h49

En 1905, en obtenant la séparation de l'Eglise et de l'Etat, la France a réinventé l'agora grecque et l'a appelée «laïcité». Espace où les hommes et les femmes peuvent se côtoyer sans attenter aux croyances des uns et des autres et même à la liberté de ne pas croire du tout.

Fallait-il pour autant une nouvelle loi pour préserver cet espace-là ? Il faut reconnaître que, sur ce point-là, Tariq Ramadan, l'homme qui voit le complot des intellectuels juifs partout, n'a pas tort. Cette loi se présente comme une loi de la peur. Peur d'une nouvelle religion qui s'installe dans la maison de la République et dont le nombre et l'intransigeance de ses adeptes paraissent croître sans cesse.

Alors, que faire maintenant que la loi est décidée ? Il faut commencer à prévoir les moyens de l'appliquer.

Cette histoire me rappelle la blague de l'enfant qui demande : «Papa, papa ! C'est encore loin l'Amérique ?» Et le père de répondre : «Tais-toi et nage.»

Nous sommes tous maintenant à l'eau, condamnés à nager. La question reste entière : n'aurait-il pas suffi que le président de la République s'adresse aux musulmans de France, en leur rappelant leur devoir envers les règles d'un pays démocratique dont ils sont citoyens ?

Car il ne s'agit pas seulement du foulard islamique. Ce signe «ostentatoire» révèle un problème plus grave, plus préoccupant pour la bonne marche de notre système éducatif. Par exemple, le refus par certains élèves d'origine musulmane de suivre le cursus national, refus de partager u