Voilà que sonne à nouveau le tocsin de la désindustrialisation de la France, qui a effectivement perdu en 2002 et 2003 plusieurs dizaines de milliers d'emplois industriels sur un total de 4 millions. Trois facteurs conjuguent leurs effets pour expliquer ce recul qui vient quasiment effacer la progression de près de 4 % de l'emploi industriel dans les années fastes de 1995 à 2001 : tout d'abord, la récession économique en France et en Europe, qui représente notre principal marché ; ensuite, la dépréciation de plus de 30 % du dollar renchérit nos produits et plombe la compétitivité de nos entreprises à l'exportation et sur le marché européen ; enfin, les pratiques des donneurs d'ordre industriels et de la grande distribution qui, au nom de la baisse des coûts, étranglent leurs fournisseurs nationaux. Un de nos constructeurs automobiles entend, depuis peu, imposer à ses fournisseurs de justifier d'un minimum de 25 % d'importations en provenance de pays à bas coûts.
Pourquoi pas, si, dans le même temps, ces donneurs d'ordre aidaient leurs fournisseurs à innover et à investir dans les pays à croissance rapide comme la Chine et l'Inde ! Lionel Fontagnié, directeur du Cepii (Centre d'études prospectives et d'informations internationales), a montré que l'investissement à l'étranger engendrait un excédent extérieur globalement créateur net d'emplois. La grande distribution et nos champions industriels nationaux se piquent de défendre l'intérêt du consommateur. Soit ! Mais on prend le