Il y a des jours où la France est fade, insipide, sans l'extraordinaire pulsion vitale qui viendrait améliorer l'ordinaire. Elle bruit à peine. Un sentiment du tout-rampant, de l'asphyxie à tous les étages, d'un effet de serre inhibant qui se propage dans nos organismes, pareil à une légionellose sournoise. Ça chuchote comme à confesse avec un esprit de fatalité dans les âmes. Les âmes grises, écrit Philippe Claudel qui décrit ces périodes où le mal fait mal, où la grisaille a remplacé la vaillance et l'orgueil de vivre. Dans les rues de France on se parle peu, idem dans les magasins, les cafés. On sort sa petite monnaie de vocabulaire poli, comment ça va, il fait doux pour la saison, vous avez bonne mine... Mais rien de profond qui bousculerait l'apathie endémique, rien du domaine de la séduction, du désir : les mots restent engoncés à l'intérieur de nos bouches timides. On se sent soumis à des lois non écrites qui semblent régir nos pensées, nos manières mêmes d'imaginer notre vie dans une société où l'on se sentirait ardent.
Comment trouver le goût de vivre ? Non pas le seul appétit d'exister, mais l'enthousiasme, l'attirance irrépressible pour l'autre, pour l'inconnu : un désir fou de conquérant invincible. Parfois, il suffit d'une phrase prononcée par quelqu'un que l'on aime et que l'on admire, qu'il soit responsable politique, prêtre ou ami, pour qu'une simple de ces paroles déclenche en nous un élan et de la fraternité. C'est parfois encore une chanson, un roman, un fi