Pourquoi un débat qui devait montrer le caractère ouvert, démocratique, tolérant, intégrateur, de la laïcité suscite-t-il un tel sentiment d'incompréhension en France et dans nombre d'autres pays ? Pourquoi, avec les meilleures intentions du monde, arrive-t-on à l'inverse du but recherché ? La laïcité, symbole de la liberté et de l'intégration, identifiée à l'intolérance et à l'interdiction ? La France, terre d'asile devenant terre d'exclusion ? Et ce malgré le vote, fait extrêmement rare, d'une loi par la droite et la gauche confondues. Et ce malgré aussi un siècle où les modèles laïc et républicain les deux ne sont synonymes ont favorisé la cohabitation des religions, des communautés et une certaine intégration. Pourquoi un tel effet boomerang ? Parce que le contexte de la laïcité a considérablement changé en un siècle.
Hier, il s'agissait d'une laïcité d'interdiction et d'une intégration par autorité. Aujourd'hui, il faut une laïcité d'adhésion et une intégration par coopération. L'objectif est le même, les méthodes, radicalement différentes. Nous vivons en effet dans des sociétés ouvertes où la communication perturbe tout. Non seulement les messages circulent vite, mais surtout ils sont de plus en plus contestés. Le récepteur n'est plus en ligne avec l'émetteur. L'autre est devenu un égal, un partenaire. Il existe avec le droit à l'opposition. Il faut donc convaincre et pas seulement interdire. En matière de culture et de religion, l'autorité et la loi ne suffisent pl