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Libération
TRIBUNE

Albert Lévy, le magistrat à abattre

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par Noël Mamère, Pierre JACQUIN et Christian PICQUET
publié le 18 mars 2004 à 23h49

Le procès du magistrat Albert Lévy qui s'ouvre aujourd'hui au palais de justice de Paris, et dans lequel Jean-Marie Le Pen s'est constitué partie civile, est l'aboutissement d'une longue traque. Qui étaient les «chasseurs» de cet homme qui a résisté courageusement par les moyens du droit ? Les extrémistes du Front national qui jouent aujourd'hui les offensés, certains collègues du substitut ainsi que la branche la plus pourrie de l'ex-RPR. Comme s'il s'était agi d'une mafia, tout ce petit monde interlope s'est organisé pour mener une entreprise de déstabilisation et de destruction d'un magistrat républicain, le tout, sur fond d'antisémitisme.

Le procès Lévy, auquel certains voudraient donner l'apparence d'une affaire simple concernant un magistrat qui aurait donné à un journaliste un document judiciaire que ce dernier a publié, va beaucoup plus loin : il s'agit d'un scénario bien plus complexe mettant en cause les agissements des enquêteurs et la sincérité de la procédure. Nous ne sommes pas en présence d'une violation du secret de l'instruction par un magistrat mais d'une réelle tentative de déstabilisation, révoltante et indigne d'un pays qui se targue du principe de séparation des pouvoirs.

Revenons au point de départ : 1998. L'ancien substitut de Toulon, chargé du grand banditisme depuis huit ans, est accusé d'avoir remis à un journaliste le procès-verbal de l'audition de Sauveur Catalano, président du Sporting Club de Toulon qui mettait en cause le Front national dans la