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Libération
TRIBUNE

Le calendrier «dingo» du quinquennat

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publié le 19 avril 2004 à 0h16

Deux scènes se déroulant le même jour résument les premiers effets du quinquennat. A l'Assemblée nationale, le Premier ministre de la République française fait sa déclaration de politique générale. Il débute son discours à 15 h 03, tandis que le président de l'Assemblée s'abstient de faire cesser le brouhaha grandissant à droite et au centre.

Et tandis que deux huissiers au pied de la tribune papotent, des députés de la majorité arrivent en retard, d'autres sortent : de godillots, ils se sont transformés en potaches.

Au Sénat, point d'agitation mais le ministre d'Etat lit le texte du Premier ministre, le sourire en coin, en laissant sûrement entendre qu'il n'est évidemment pas de lui. Ce spectacle d'une sourde violence est «hallucinant», comme disent les étudiants, et du jamais ­ ou rarement ­ vu sous la Ve République.

Certes, on pourrait l'attribuer à l'air irrespectueux du temps ­ de l'oreille du Président au mépris des professeurs en passant par les attaques contre les magistrats : prenons garde cependant de ne pas jeter le service de l'Etat avec l'eau du bain. Ces images traduisent bien sûr le malaise d'une majorité dont l'énormité est d'autant plus artificielle au regard des rapports de force politiques dans notre pays qu'elle se veut soudée par un parti unique qui ne connaît ­ou ne connaissait­ pas de différences. Or toute la tradition politique française, à droite comme à gauche, dans un pays où les partis sont peu enracinés, est l'expression d'un pluralisme, ordonné ou