Il est des moments où le courage politique consiste à redire la norme, et à lui redonner force de droit. C'est ce qui a été fait avec la loi destinée à réaffirmer la laïcité de l'école publique, inspirée par les travaux de la commission présidée par Bernard Stasi. Mais il est d'autres moments où il faut donner à la norme ainsi réaffirmée les moyens d'être crédible socialement. C'est ce qu'il faudrait faire maintenant, en prenant appui sur le «volet social» du même rapport. Car ce rapport forme un tout, et entend promouvoir de façon générale et multiforme la laïcité. Ce sera le meilleur moyen d'ôter leurs arguments aux adversaires de la loi.
On a trop longtemps opposé deux types d'émancipation pourtant solidaires : l'émancipation laïque et l'émancipation sociale. Cette opposition, hélas, demeure, et conduit à bien des malentendus. Ceux qui récusent le recours à la loi en ont une étrange idée dès lors qu'ils la disent liberticide, alors que, dans un Etat de droit, la loi politique a pour raison d'être de soustraire les rapports entre les hommes à la loi du plus fort. Vérité valable également pour les rapports sociaux et économiques. On peut ainsi remarquer que la justice sociale effective, assortie de l'égalité des chances, renforce la légitimité de l'exigence juridique et politique républicaine. Les deux émancipations se nourrissent d'ailleurs réciproquement.
La laïcité consiste essentiellement à faire du peuple tout entier, sans privilège ni discrimination, la référence de la