Malgré ou à cause de l'adhésion de dix nouveaux membres à l'Union, Tony Blair met l'Europe en péril avec son référendum : mesure hâtive pour gagner les prochaines élections européennes puis les législatives. L'UMP du néo-président Juppé met l'Europe en péril, rejetant la Turquie pour limiter sa défaite aux mêmes élections européennes. Les socialistes mettent l'Europe en péril : ils tournicotent autour du projet de Constitution sans oser l'approuver, tremblant devant leur gauche et le chauvinisme d'un supposé électorat populaire. En 1992, Mitterrand mit l'Europe en péril : mal en point dans sa politique intérieure, il décida brusquement un référendum sur Maastricht pour embarrasser la droite et, à sa surprise, manqua le perdre. Cela s'appelle fiche le feu à la maison pour se cuire un oeuf à la coque.
Ces sarabandes politiques nous masquent une réconfortante réalité : au moins avons-nous récupéré notre histoire jusqu'ici confisquée par Hitler et Staline. Dans nos querelles d'aujourd'hui, nous montons des stratégies du Sud à l'Est, de l'Espagne à la Pologne, parfois contre elles, comme le faisaient un Louis XIV, un Louis XV, nos Empires et notre chère IIIe République. Un honnête homme du XVIIe siècle transporté à notre époque s'y retrouverait bien mieux qu'en 1950 ou 1980. Ajoutez à cela, malgré les soubresauts de l'ancienne Yougoslavie, l'éradication des guerres ce que l'honnête homme ne pourrait qu'approuver. Mais, comme sous Louis XIV, l'histoire de l'Europe continue à se f