Au moment où l'on se demande comment relancer les négociations commerciales multilatérales, se déroule un débat politique dont seule la presse anglo-saxonne rend compte, qui porte sur la question de savoir si l'Europe n'aurait pas intérêt à tempérer son libéralisme commercial, non pas pour revenir au protectionnisme mais pour opposer à la libéralisation des échanges la notion centrale de préférences collectives. Le patronat européen (UNICE) s'est fortement ému de la mise en débat de cette question à la Commission de Bruxelles. Il a adressé le 26 avril une lettre à Pascal Lamy, commissaire européen au Commerce, dans laquelle il juge ce débat contre-productif car susceptible d'accréditer la thèse selon laquelle l'Europe chercherait à se défaire de ses obligations à l'OMC. La dureté de la lettre montre que cette idée de préférences collectives est jugée suffisamment importante pour que le patronat européen, généralement enclin à des prises de position plus feutrées, prenne position contre les intentions réelles ou supposées de Pascal Lamy. D'autant que ce dernier a développé cette idée au Parlement européen et que celui-ci ne semble pas avoir été totalement insensible aux thèses du négociateur européen.
De quoi s'agit-il ? Le point de départ du débat est à rechercher dans le blocage politique des négociations à l'OMC et des résistances sociales que rencontre l'ouverture croissante des marchés. Après l'échec de Seattle, le rebond de Doha a pu laisser penser que la dynamique comme