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Libération
Critique

Communautés et destinées

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publié le 31 mai 2004 à 0h50

Pour le philosophe Pierre-André Taguieff, il en va du communautarisme comme du cholestérol. Il y a le bon et le mauvais. Une communauté nationale peut voir prospérer une somme de communautés (locales ou minoritaires) aussi longtemps qu'elles restent dans les confins de la sphère privée. Au lieu de s'acharner à diaboliser ces groupes, le philosophe pose une question plus dérangeante : «Le système stato-national à la française est-il toujours assez puissant et attractif pour intégrer des populations de cultures non européennes en pulvérisant les groupements d'origine et en transformant les individus en citoyens ?»

Communautarisme comme intégration font partie de ces marqueurs socio-politiques piégés. Dans le débat public, évoquer ces deux concepts conduit souvent à l'aporie d'un inéluctable diagnostic : les ratés de l'intégration et la crainte de voir le communautarisme devenir le dissolvant du pacte républicain. Pour Taguieff, «il devient urgent de transformer le terme polémique communautarisme en une catégorie descriptive [...] susceptible de jouer le rôle [...] d'un instrument de la pensée critique».

Côté mauvais communautarisme, le penseur du «nationisme» stigmatise le repli sur une identité ethnique et religieuse débouchant sur une forme de racisme antinational... Dans le collimateur du politologue, le prédicateur suisse Tariq Ramadam. Ce fondamentaliste musulman renvoie dos à dos le communautarisme des Français de confession musulmane et «le communautariste électoraliste q