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Libération
TRIBUNE

OGM: l'étiquette ne fait pas l'éthique

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publié le 4 juin 2004 à 0h55

C'est fait ! Le moratoire européen sur les OGM a été levé, quelques semaines après l'obligation d'étiquetage et traçabilité des aliments contenant des OGM. Les deux décisions, quasi simultanées, arrivent juste au moment où les multinationales du transgénique étaient presque étranglées : Monsanto a annoncé, il y a quelques mois, son retrait des «plantes médicaments», cet écran de fumée pour faire passer les OGM alimentaires (Libération du 12 septembre 2003) ; la même firme a aussi renoncé, il y a quelques jours, au blé transgénique, à la demande des céréaliers nord-américains inquiets de ne pas pouvoir écouler leur production. On imagine l'intensité des opérations de lobbying auprès de la Commission européenne pour parvenir aux récentes percées du marché, d'autant que plusieurs régions françaises et européennes viennent de se déclarer «zone sans OGM». Les élus n'ont pas eu le courage de prendre la décision de commercialiser le maïs BT11 et, au risque d'établir une jurisprudence dangereuse, ils ont remis leur pouvoir à la Commission, dont les faveurs étaient connues. Ainsi, ministres de l'Agriculture et parlementaires s'en tirent plutôt lâchement et la balle arrive dans le camp des consommateurs.

Le plus scandaleux est que cette nouvelle victoire de la technique sur l'éthique soit présentée comme le comble de la démocratie : «Les consommateurs vont enfin pouvoir choisir...» Cela signifierait que les contradictions entre experts, l'absence de certitude quant à l'innocuité des pl