Samedi prochain commence le championnat d'Europe des Nations, regroupant les seize meilleures équipes actuelles du continent. Pendant près d'un mois il va rythmer la vie de millions d'Européens, rappelant la formule de Bill Shankly : «Le football, ce n'est pas une affaire de vie ou de mort... c'est beaucoup plus important que cela.» L'ex-manager de Liverpool ne savait pas à quel point il avait raison.
L'identification par le football est un phénomène d'autant plus important que les formes habituelles de repères identitaires de l'Etat-nation sont en crise et concurrencés par les différents niveaux de collectivité territoriale, ONG, la mondialisation, les flux et les réseaux, etc. Le football, plus universel que la démocratie, Internet ou l'économie de marché, dont les vedettes sont les icônes les plus connues du village mondial, peut être considéré comme le stade ultime de la mondialisation. Le soleil ne se couche jamais sur son Empire et avec 204 membres, la Fifa recrute plus largement que l'ONU. Il est pourtant un des rares phénomènes qui permet de créer ou de recréer ces repères d'identification disparus ou effacés, notamment à l'échelle nationale. Il permet de lutter contre les aspects les plus déstructurants de la mondialisation.
La définition classique de l'Etat repose sur trois critères traditionnels : un territoire, une population, un gouvernement. On serait tenté d'en ajouter un quatrième : une équipe nationale de football, porte-drapeau de la nation. Le football perme