Qui aujourd'hui souhaite réduire la place des victimes et des ONG dans la lutte contre l'impunité ? En d'autres termes, qui veut la peau du droit international pénal qui a fondé les poursuites contre les principaux bourreaux de la planète ces dernières années ? A des degrés divers, bien des Etats concourent à ce retour de cycle, même si, par ailleurs, il s'inscrit dans un mouvement historique irréversible en faveur de la mise en place d'une justice pénale internationale dont la dimension universelle ne serait pas qu'incantatoire. Rappelons que, depuis le 18 juillet 1998, la Cour pénale internationale (CPI) s'est mise en ordre de marche, le rythme de ratification de son statut ayant été plus soutenu que prévu. Entre-temps, les attentats du 11 septembre 2001 sont venus, par de lugubres conséquences, assombrir l'évolution de la lutte contre l'impunité des plus grands bourreaux dont la CPI devait être l'instrument universel. Pour autant, cette régression de la lutte contre l'impunité s'est insidieusement amorcée avant les attentats du 11 septembre qui n'ont fait que l'aggraver.
Aujourd'hui, il est acquis que l'impunité des dirigeants russes, pour les crimes contre l'humanité commis en Tchétchénie est universelle, et elle promet d'être éternelle. L'impunité des responsables américains, s'agissant des crimes de guerre commis dans les prisons irakiennes, risque d'être aussi acquise, les condamnations légères promises à quelques exécutants militaires ne répondront pas aux besoins de